Arrivé en Championnat de France grâce au concours à l’époque, Yann Vézo Davidson est passé arbitre haut niveau lors de la saison 2018-2019. Arbitre FIBA pour Madagascar et présent sur les fenêtres qualificatives à l’AfroBasket 2021, il s’est entretenu avec nos équipes.
Mon objectif était clair et c’était le même que tous les arbitres présents : faire partie des arbitres qui officieront sur l’AfroBasket cet été !
Yann Vézo Davidson
Yann merci de nous accorder cet entretien. À partir de quand es-tu devenu arbitre International 5×5 ?
Je suis devenu arbitre FIBA 5×5 avant d’intégrer le Championnat de France. Étant donné que la limite d’âge était de 25 ans, et que je venais de les avoir, je suis rentré en contact avec Madagascar pour leur demander s’ils étaient intéressés pour que je postule en tant que candidat. Il s’est trouvé qu’ils accueillaient l’AfroBasket U18 en 2014 mais ils n’avaient plus aucun arbitres internationaux actifs. Quand le pays hôte de la compétition n’a pas d’arbitres FIBA actifs, le pays est pénalisé financièrement et sportivement. Du coup c’était une opportunité pour moi de passer l’examen pour devenir arbitre FIBA.
Tu es également arbitre International 3×3, depuis quand et comment cela s’est passé pour toi ?
À partir de 2015, je me suis lancé dans le 3×3 avec les Championnats de France Universitaires, puis après sur les différents tournois avec comme finalité l’Open de France. En 2019, Madagascar avait pour ambition de proposer des candidats pour devenir arbitres FIBA 3×3. Ils m’ont alors proposé et j’ai accepté.
De notre côté on bosse un peu – ça nous arrive, vous moquez pas -, et on a vu que ce n’était jamais arrivé dans l’Histoire de l’Arbitrage Malgache d’avoir un arbitre International 5×5 ET 3×3. C’est une fierté ?
C’est une fierté personnelle évidemment, mais c’est aussi une fierté pour Madagascar. C’est comme pour les joueurs quand ils représentent leur pays lors des différents évènements. Je suis fier de représenter mon pays.
La question que certains se posent, est-ce que c’est possible d’être FIBA Malgache puis de changer de pays pour devenir FIBA France et arbitrer sur les compétitions FIBA en Europe ?
Comme pour les joueurs, on peut jouer sur les nationalités. J’ai commencé en tant que Malgache mais je pourrais, si la fédération française me sollicite pour changer de nationalité en tant que FIBA, devenir arbitre International avec la France. Je me suis posé la question au début : est-ce que si on me propose un jour de devenir arbitre FIBA avec la France, est-ce que je serais prêt à accepter.
… Et du coup ?
(rires) Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. J’ai commencé avec Madagascar donc je veux finir en tant que FIBA Madagascar, mais ça n’enlève rien à la qualité de la formation française qui est pour moi l’une des meilleures d’Europe. Je suis très reconnaissant envers la France pour la formation qu’ils m’ont apporté.
Récemment il y a eu les qualifications pour l’AfroBasket 2021 sur lesquelles tu as officiées. Comment as-tu été contacté ? Et comment cela s’est passé avec les conditions sanitaires ?
Il y a eu trois fenêtres. Je n’ai pas été invité à la première, ni à la deuxième. Et pour la troisième, je n’étais pas sur la première liste à la base, mais il restait une place vacante. J’ai eu la bonne surprise d’être appelé une semaine avant l’événement. Et là, le marathon a commencé avec un test PCR cinq jours avant pour pouvoir me remplacer si j’étais positif, un test PCR deux jours avant pour pouvoir prendre l’avion et un dernier test PCR en arrivant sur place en Tunisie avant de rentrer dans la bulle. Je ne suis pas sorti de cette bulle pendant toute la durée de l’évènement.
Peux-tu nous décrire une « journée type » durant ces quatre jours de compétition ?
Pendant la première journée on prend contact avec les lieux, avec les collègues. On a fait un atelier de travail où on était séparé en quatre/cinq groupes de trois arbitres et chaque groupe travaillait sur un thème en particulier. Puis il fallait faire une présentation aux autres arbitres après la fin de notre travail. Normalement on doit faire un test physique et en cas d’échec, on ne peut pas participer à la compétition. Mais étant donné qu’on était tous en train de passer nos licences, on a fait un test Luc Léger il y a moins d’un mois donc la FIBA n’a pas trouvé judicieux de refaire faire un test physique. Puis ensuite, tous les matins à 6h30-7h, on faisait un réveil musculaire. Après, on prenait le petit-déjeuner puis on débriefait les matchs de la veille avant d’enchainer sur nos différentes rencontres.
Et vous êtes observés sur vos matchs ? Vous avez des retours ?
Oui bien évidemment, on a un commissaire qui est présent à la table de marque et qui gère toute la partie officielle. Par exemple en cas de réclamation c’est lui qui tranche. Et au-dessus on a un instructeur qui nous observe, qui nous conseille et qui fait un compte rendu sur chaque arbitre à la fin de la compétition. Par la suite, un classement virtuel sera fait par Carl JUNGEBRAND, le responsable des arbitres.
En te rendant en terre tunisienne, tu avais un objectif précis ?
Mon objectif était clair et c’était le même que tous les arbitres présents : faire partie des arbitres qui officieront sur l’AfroBasket.
AH ! – le lire à la Denis Brogniard – Ton objectif à court terme c’est l’AfroBasket, mais quel est ton objectif à long terme ?
C’est un peu plus compliqué car ça ne dépend pas que de moi puisque sur les Championnats du Monde, ils prennent généralement des arbitres dit « accompagnateurs ». Admettons que Madagascar se qualifie pour la Coupe du Monde, du coup un arbitre malgache sera présent sur la Coupe du Monde. Donc si un jour Madagascar est en Coupe du Monde (rires), j’aurai peut-être cette opportunité-là, mais ça va être compliqué ! (rires). Mais la FIBA peut également me faire venir en tant qu’arbitre neutre.
Tu officies actuellement en NM1 ici en France, tu aimerais aller voir au-dessus ?
À court/moyen terme j’aimerais bien officier en ProB. Après au-delà du niveau, le premier objectif est de travailler sur la mécanique à trois puisqu’aujourd’hui en NM1, nous ne sommes que deux. Si je veux essayer d’exceller en FIBA, il faudrait que j’officie sur de la mécanique à trois assez régulièrement pour arriver dans les meilleures conditions sur les compétitions FIBA, déjà un minimum préparé sur cet aspect de mécanique. Aujourd’hui, sur mes premiers matchs en FIBA, je me cherche sur la mécanique à trois, ce qui est normal puisque j’ai l’habitude d’officier à deux tout au long de l’année.