Passée par Ris-Orangis, Courcouronnes, le Pôle Île-de-France, Valenciennes, Arras, Nantes, Montpellier et Bourges depuis la saison 2017-2018, Sarah Michel est devenue en quelques années un visage incontournable du basketball français et international, avec plus de soixante sélections en Équipe de France. En exclusivité pour Referee Time, l’arrière d’1,80m a accepté de livrer un entretien exclusif sur l’arbitrage.
Parfois, même lorsque nous regardons la vidéo plusieurs fois en mettant pause ou ralenti, nous avons du mal à voir si la décision est bonne ou pas !
Sarah Michel
« Sarah, merci d’avoir accepté cette interview. Tu as pu voir toutes sortes d’arbitres au cours de ta carrière, du niveau départemental au plus haut niveau international, pour toi qu’est-ce qu’un bon arbitre ?
Je dirais qu’un bon arbitre est cohérent des deux côtés du terrain et tout au long du match. Il ne siffle pas forcément tout ce qu’il y a à siffler mais s’adapte en fonction de la situation basket et du sens du jeu. Il doit pouvoir discuter calmement avec les joueurs et les coachs si nécessaire tout en se faisant respecter.
On dit qu’un bon arbitre, c’est quelqu’un qu’on ne voit pas sur le terrain. Tu es d’accord avec ça ?
Dans un sens oui parce qu’il n’est pas là pour qu’on ne voit que lui. Mais d’un autre côté, il est quand même important de le voir car c’est lui qui fait en sorte que la rencontre se passe bien. Il est, quelque part, garant de la sécurité des joueurs.
On te voit souvent calme sur le terrain et même en dehors, est-ce que tu as quelque chose qui « t’énerve » pendant un match?
Ça dépend des matchs, généralement je ne m’énerve pas contre les arbitres … mais j’avoue que ça m’est arrivé (rires). Je n’aime pas l’injustice et lorsque les situations peuvent être dangereuses. Ce sont des situations qui peuvent m’agacer, c’est vrai.
Pour toi, est-ce qu’un arbitre a le droit de faire des erreurs ? Quel sentiment tu éprouves quand il admet qu’il a tort et qu’il ne reste pas sur sa position ?
Tout le monde a le droit à l’erreur et bien sûr qu’un arbitre peut en faire ! Parfois, même lorsque nous regardons la vidéo plusieurs fois en mettant pause ou ralenti, nous avons du mal à voir si la décision est bonne ou pas ! Alors c’est sûr que sur le moment c’est encore plus compliqué pour les arbitres de prendre les bonnes décisions. Après il est important, je trouve, de pouvoir instaurer un dialogue joueur-arbitre pour expliquer les points de vue et éventuellement reconnaître ses erreurs, que ce soit pour le joueur ou pour l’arbitre.
La vraie question, c’est est-ce que je voudrais être arbitre ? Non (rires) ! C’est trop ingrat ! Devoir courir, se placer, décider et puis se faire engueuler par une des deux équipes … Non merci ! (rires).
Sarah Michel
Certains ne considèrent pas les arbitres comme des athlètes, pour toi est-ce que être arbitre ça demande de la préparation en amont des matchs ?
C’est vrai que je ne me suis jamais posé cette question … pourtant, je pense en effet qu’un travail doit s’effectuer avant les matchs, que ce soit une préparation mentale ou physique. Au même titre que les joueurs, les matchs se préparent au niveau de l’arbitrage également.
Tu pourrais être arbitre ? Quel genre de « ref » serais-tu ? Tu serais emphatique ? Tu sanctionnerais tout le monde de fautes techniques ?
Avec de l’entraînement, je pourrais peut être. Mais la vraie question, c’est ce que je voudrais être arbitre ? Non (rires) ! C’est trop ingrat ! Devoir courir, se placer, décider et puis se faire engueuler par une des deux équipes … Non merci ! (rires). Plus sérieusement, je ne pense pas que je sanctionnerais tout le monde. Je serais assez ferme mais en essayant de rester compréhensive.
De nombreux arbitres français officient sur les plus grands rendez-vous mondiaux (Final 4 Basketball Champions League, EuroLeague, Women EuroLeague, JO, Coupe du Monde …), est-ce que pour les joueuses françaises évoluant en Championnat de France c’est aussi une fierté de voir que la formation des arbitres sur le territoire occupe une place forte et de qualité au niveau international ?
Oui c’est sûr que c’est cool de voir des arbitres français sur ces grandes compétitions, c’est que la formation est bonne. C’est aussi une récompense pour le travail accompli tout au long des saisons et dont on ne parle pas souvent. »